dimanche 23 juin 2013

L'ECUME ET LA VAGUE: leçons d'un conseil municipal

Il y a sans doute plusieurs perceptions possibles pour comprendre un Conseil Municipal: on peut selon son humeur "surfer" sur les petites phrases, sur l'ambiance. A partir de cela, on peut caresser les poncifs du moment, "il n'y en a pas un pour racheter l'autre", ou pire, le refrain connu populiste "tous pourris".
On peut aussi, au-delà de l'écume, et même si cette écume existe, y recueillir l'essentiel, la vague, c'est-à-dire, les éléments de compréhension sur le fonctionnement de la ville, et essayer de les expliquer.

Non, le Conseil Municipal n'échappe pas aux "jeux de rôles", et le fait qu'il s'agisse d'une instance publique renforce ce côté "jeu de rôles". Dans ce jeu-là, certains sont capables du meilleur comme du pire, et il font bien avouer que, dans le pire, ils s'efforcent d'être les meilleurs, l'essentiel étant "qu'on en parle". Ce qui apparaît excessif  dessert plutôt leur cause . Mais au-delà de l'écume, les conseils municipaux fourmillent de données utiles aux citoyens.

Le dernier n'échappe pas à la règle .

Qu'avons-nous donc appris de ce conseil?


En premier lieu, qu'il est assez facile à partir d'un Compte Administratif de tenter de noyer l'auditeur sous des chiffres , mais que cela ne suffit pas à cacher la réalité.
Fort heureusement, la démocratie communale permet l'expression d'une opposition qui pose dans sa diversité des questions pertinentes.
On approche de la réalité de la situation financière en comparant les "ratios" communaux avec ceux des communes comparables.

Qu'y apprend-t-on?
D'abord la confirmation du fait que la fiscalité est très élevée à Wasquehal. Cela peut être un choix librement consenti, si les services rendus à la population sont aussi très conséquents. Est-ce le cas? Avons-nous des équipements conséquents qui profitent à tous? En tout cas, pas la médiathèque.Certes, l'endettement de la commune semble aujourd'hui maîtrisé, mais à quel prix pour les contribuables wasquehaliens? Y a-t-il au moins un lieu où on peut discuter de ces choix avec les citoyens? Non. On leur demande de voter de temps en temps, et c'est tout.

Ensuite, que l'investissement est très limité, toujours par rapport aux communes de même taille. Les parents d'élèves des écoles publiques et les usagers d'équipements municipaux, parfois vétustes, et souvent vraies passoires thermiques,  apprendront avec surprise qu'il n'est plus nécessaire d'investir, comme a osé le prétendre le Maire.

Enfin, que les dépenses de fonctionnement sont bien supérieures à celles de communes voisines de même taille. Il y a certes les dépenses indues qui ont été signalées par le récent rapport de la Cour Régionale des Comptes et entraîné le Comptable du trésor à rembourser 900 000 euros pour ne s'être pas opposée au paiement irrégulier de subventions ou de frais de représentation du Maire.
Un audit des finances de Wasquehal sera nécessaire, dans l'hypothèse d'une alternance, pour examiner toutes les dérives et les solutionner.

Les emplois municipaux


Au-delà, il faut aussi noter le nombre d'agents municipaux élevé par rapport à la population.

Cela pourrait être un choix de la ville, si beaucoup de services étaient faits en régie : restauration scolaire et pour les foyers logements, régie de travaux pour l'entretien et la performance énergétique du patrimoine... Rien de tout cela à Wasquehal, la restauration étant par exemple confiée à la société API.

Pour autant, dans un contexte de l'emploi difficile, peut-on incriminer et inquiéter inutilement les agents communaux, sachant que la plupart de ceux-ci ont, forcément, été embauchés par le Maire, en poste depuis 36 ans? Bien sûr que non.

Tout candidat sérieux à la municipalité devra être en mesure de prendre en compte ces agents, même si les conditions de leur recrutement ont été peu transparentes, ou suspectes d'arrières-pensées clientélistes. Et si d'aventure il arrive aux responsabilités, il conviendra bien entendu de les mobiliser.

L'évolution des emplois de la ville devra se faire progressivement, dans le respect des règles de droit, et dans la recherche d'un accord gagnant-gagnant avec les représentants des salariés.Il ne faut donc pas escompter une baisse rapide de la masse salariale, d'autant qu'un examen rapide de la liste des emplois montre un manque d'emplois de catégories A et B. Mais certaines embauches peuvent entraîner de sérieuses économies : l'embauche d'un cadre énergéticien, par exemple.

Il est probable qu'une seule mandature ne suffira pas pour atteindre des ratios plus proches des communes comparables, et qu'il faudra d'abord maîtriser les dépenses dans d'autres domaines. Mais il faut impulser une politique de recrutements plus rigoureuse et vertueuse.

Que faire?

D'abord, un état de la situation: pyramide des âges, nature des emplois, à comparer avec les besoins à satisfaire progressivement en hiérarchisant les priorités:  économies d'énergie, réhabilitation du patrimoine, urbanisme, recherche de subventions, action sociale, prévention... Il sera utile aussi, pour un meilleur service rendu à la population, d'examiner sans a priori les avantages et inconvénients des délégations de services publics ou du retour en régie de certaines activités...
Ensuite il est souhaitable de mettre en oeuvre une gestion prévisionnelle des emplois incluant formation, mobilité interne et mobilité externe en lien avec les communes voisines et Lille-Métropole.

Chercher à rassembler autour de l'intérêt commun, plutôt que de donner le sentiment de vouloir "punir" telle ou telle catégorie sociale: c'est le chemin qu'il faut prendre pour le changement.





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