Certes, les changements climatiques sont désormais visibles et mesurables. Mais les inondations ne sont pas un phénomène nouveau, et il appartient aux élus, avant de modifier des Plans Locaux d'Urbanisme ou de délivrer des permis de construire, de prendre en compte les risques de crues centennales, qui sont connus de tous les experts en hydrologie.
On a vu, à la Tranche sur Mer, que la catastrophe était tout à fait prévisible.
Il en va de même pour l'exemple de l'Agly. Que savons-nous déjà, à partir des données recueillies sur Wikipedia, à partir de références hydrologiques officielles?
L'Agly est un petit fleuve fort irrégulier. Son débit a été observé sur une période de 42 ans (1967-2008), à Estagel, au Mas de Jau à une vingtaine de kilomètres de son embouchure et après avoir reçu les eaux du Verdouble2. Le bassin versant du fleuve y est de 903 km2, c'est-à-dire 86,4 % de la totalité de celui-ci.
Le module du fleuve à cet endroit vaut 6,31 m3⋅/s.
L'Agly présente des fluctuations saisonnières typiques d'un régime pluvial méditerranéen. Les hautes eaux se situent en hiver et au printemps, de décembre à mai inclus, et portent le débit mensuel moyen à un niveau situé entre 7,74 et 12,2 m3⋅s-1, avec un maximum en février. Elles sont suivies d'une chute rapide du débit jusqu'à la période de basses eaux qui va de fin juin à début octobre et qui mènent le débit à son étiage d'été avec son minimum moyen du mois d'août (0,439 m3⋅s-1). Cependant les fluctuations sont bien plus prononcées sur de courtes périodes.
À l'étiage, le VCN3 peut chuter jusque 0 m3, en cas de période quinquennale sèche, et le fleuve peut ainsi tomber à sec.
Les crues peuvent être très importantes. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 400 et 710 m3. Le QIX 10 est de 920 m3⋅s-1 et le QIX 20 de 1 100 m3. Quant au QIX 50, il se monte à 1 400 m3. Cela signifie que, par exemple, tous les deux ans on doit s'attendre à une crue de l'ordre de 400 m3, et tous les vingt ans une crue de 1 100 m3 doit survenir, statistiquement du moins. Ce dernier chiffre équivaut au débit moyen du Rhône en aval de Lyon et de son confluent avec la Saône. Pour se faire une idée de l'importance de ces débits, on peut les comparer à ceux de l'Yonne à son confluent, rivière redoutée des parisiens pour ses crues3. Le QIX 5 de l'Yonne vaut 600 m3 (contre 400 pour l'Agly) et son QIX 20 se monte à 820 m3 (soit bien moins que les 1 100 de l'Agly). Ainsi les crues de l'Agly peuvent être nettement supérieures à celles de l'Yonne en amont de Paris (voir aussi débit de la Seine à Paris).
Le débit instantané maximal enregistré a été de 1 410 m3⋅s-1 le 26 septembre 1992, tandis que la valeur journalière maximale était de 1 020 m3⋅s-1 le 13 novembre 1999. En comparant la première de ces valeurs avec l'échelle des QIX du fleuve, il apparaît que les crues de septembre 1992 étaient cinquantennales, et donc peu fréquentes.
La lame d'eau écoulée dans le bassin versant de l'Agly est de 221 millimètres annuellement, ce qui n'est pas très élevé. Le débit spécifique du fleuve (ou Qsp) atteint le chiffre moyen de 7,5 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
Et chez nous?
Bien que sous un régime de plaine, la Marque est connue pour ses inondations. C'est pour cela qu'un Schéma d'Aménagement et de Gestion de l'Eau (SAGE) pour la Marque et la Deule est en préparation. Qu'y append-t-on?
Constats faits par le SAGE :
- un territoire où le risque d’inondation est bien présent (ruissellement, débordement des cours d’eau)
- changement climatique : une intensification des événements extrêmes à prévoir.
Lors de la dernière réunion du SAGE, a été notamment soulignée la nécessité de maintenir des zones humides (prairies inondables...)
On peut aussi souligner la nécessité de reboiser autour de la Marque et de la Deule par des espèces ad hoc... La "trame verte et bleue" préconisée par le Grenelle de l'Environnement n'a, dans ce cas, pas qu'une vocation de préservation de la biodiversité, mais aussi une vocation préventive.
On peut enfin éviter de déclarer constructibles des zones trop proches et prévoir des zones inondables en cas de crues dites "centennales" (cela peut être des terrains de sport, des jardins publics...).
Qu'en pense notre équipe municipale?
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