dimanche 30 novembre 2014

Crues

Les maires des communes du Var ou des Pyrénées Orientales semblent découvrir les risques d'inondation et se tournent vers l'Etat pour solliciter des aides.

Certes, les changements climatiques sont désormais visibles et mesurables. Mais les inondations ne sont pas un phénomène nouveau, et il appartient aux élus, avant de modifier des Plans Locaux d'Urbanisme ou de délivrer des permis de construire, de prendre en compte les risques de crues centennales, qui sont connus de tous les experts en hydrologie.

On a vu, à la Tranche sur Mer, que la catastrophe était tout à fait prévisible.

Il en va de même pour  l'exemple de l'Agly. Que savons-nous déjà, à partir des données recueillies sur Wikipedia, à partir de références hydrologiques officielles?

L'Agly est un petit fleuve fort irrégulier. Son débit a été observé sur une période de 42 ans (1967-2008), à Estagel, au Mas de Jau à une vingtaine de kilomètres de son embouchure et après avoir reçu les eaux du Verdouble2. Le bassin versant du fleuve y est de 903 km2, c'est-à-dire 86,4 % de la totalité de celui-ci.
Le module du fleuve à cet endroit vaut 6,31 m3⋅/s.
L'Agly présente des fluctuations saisonnières typiques d'un régime pluvial méditerranéen. Les hautes eaux se situent en hiver et au printemps, de décembre à mai inclus, et portent le débit mensuel moyen à un niveau situé entre 7,74 et 12,2 m3⋅s-1, avec un maximum en février. Elles sont suivies d'une chute rapide du débit jusqu'à la période de basses eaux qui va de fin juin à début octobre et qui mènent le débit à son étiage d'été avec son minimum moyen du mois d'août (0,439 m3⋅s-1). Cependant les fluctuations sont bien plus prononcées sur de courtes périodes.
À l'étiage, le VCN3 peut chuter jusque 0 m3, en cas de période quinquennale sèche, et le fleuve peut ainsi tomber à sec.
Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Estagel
(Données calculées sur 42 ans)

Les crues peuvent être très importantes. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 400 et 710 m3. Le QIX 10 est de 920 m3⋅s-1 et le QIX 20 de 1 100 m3. Quant au QIX 50, il se monte à 1 400 m3. Cela signifie que, par exemple, tous les deux ans on doit s'attendre à une crue de l'ordre de 400 m3, et tous les vingt ans une crue de 1 100 m3 doit survenir, statistiquement du moins. Ce dernier chiffre équivaut au débit moyen du Rhône en aval de Lyon et de son confluent avec la Saône. Pour se faire une idée de l'importance de ces débits, on peut les comparer à ceux de l'Yonne à son confluent, rivière redoutée des parisiens pour ses crues3. Le QIX 5 de l'Yonne vaut 600 m3 (contre 400 pour l'Agly) et son QIX 20 se monte à 820 m3 (soit bien moins que les 1 100 de l'Agly). Ainsi les crues de l'Agly peuvent être nettement supérieures à celles de l'Yonne en amont de Paris (voir aussi débit de la Seine à Paris).
Le débit instantané maximal enregistré a été de 1 410 m3⋅s-1 le 26 septembre 1992, tandis que la valeur journalière maximale était de 1 020 m3⋅s-1 le 13 novembre 1999. En comparant la première de ces valeurs avec l'échelle des QIX du fleuve, il apparaît que les crues de septembre 1992 étaient cinquantennales, et donc peu fréquentes.
La lame d'eau écoulée dans le bassin versant de l'Agly est de 221 millimètres annuellement, ce qui n'est pas très élevé. Le débit spécifique du fleuve (ou Qsp) atteint le chiffre moyen de 7,5 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.

Et chez nous?

Bien que sous un régime de plaine, la Marque est connue pour ses inondations. C'est pour cela qu'un Schéma d'Aménagement et de Gestion de l'Eau (SAGE)  pour la Marque et la Deule est en préparation. Qu'y append-t-on?
Constats faits par le SAGE :
- un territoire où le risque d’inondation est bien présent (ruissellement, débordement des cours d’eau)
- changement climatique : une intensification des événements extrêmes à prévoir.

Lors de la dernière réunion du SAGE, a été notamment soulignée la nécessité de maintenir des zones humides (prairies inondables...)
On peut aussi souligner la nécessité de reboiser autour de la Marque et de la Deule par des espèces ad hoc... La "trame verte et bleue" préconisée par le Grenelle de l'Environnement n'a, dans ce cas, pas qu'une vocation de préservation de la biodiversité, mais aussi une vocation préventive.
On peut enfin éviter de déclarer constructibles des zones trop proches et prévoir des zones inondables en cas de crues dites "centennales" (cela peut être des terrains de sport, des jardins publics...).

Qu'en pense notre équipe municipale?




lundi 24 novembre 2014

Un conseil pas ordinaire

Disons-le tout net: le conseil municipal de ce samedi 22 novembre, commencé à 8h30, était copieux, trop, sans doute, par la quantité de sujets importants qui auraient mérité mieux que les débats du conseil: des débats publics.

Budget supplémentaire, tarifs scolaires, politique de sécurité et de prévention  de la délinquance, conseils de quartiers, logements sociaux...Ce n'est pas rien.

Mais, malgré une certaine capacité collective de la nouvelle municipalité à se partager la parole (cela change au moins de l'ancienne) et à répondre à l'opposition, l'équipe de Mme Ducret montre les impasses de son programme:

Des promesses de baisses d'impôts difficiles à tenir:

L'équipe Vignoble a,au fil des ans, créé une situation difficile : fort endettement de la commune, effectifs municipaux pléthoriques pour une commune de cette strate, et, en tout cas, peu en rapport avec le service réellement rendu aux habitants, faiblesse corollaire des investissements... Il faut de sacrés efforts pour sortir la ville de cette situation.

Le débat sur le budget supplémentaire a montré en tout cas qu'il serait bien difficile à la nouvelle équipe de tenir sa promesse de réduction de 3% de la fiscalité locale tout en faisant les investissements nécessaires, à réduire rapidement le personnel tout en respectant son statut, et sans diminuer considérablement les pourtant relativement maigres services rendus à la population.

Certes, on a voté quelques recettes de poche avec la taxe de séjour et le principe de vente de véhicules et  de biens mobiliers.  Mais notablement pas assez pour compenser les baisses de ressources dues à des surestimations des recettes fiscales et aux baisses de dotation. A l'échelle du budget de la commune (33 millions d'euros), perdre 400 000 euros n'est peut-être pas grand chose, mais comme on ne peut pas si facilement et si rapidement tailler dans le fonctionnement, cela veut dire qu'on n'investit quasiment plus, si ce n'est pour des réparations urgentes.

Budget participatif

Dans une telle situation, il serait particulièrement intéressant d'associer le maximum de forces vives aux choix à opérer. Nous prônions la mise en place d'un budget participatif permettant à chacun de mieux percevoir la situation de la commune et d'opérer des choix en toute responsabilité:
- Etat des lieux incluant l'état du patrimoine communal (écoles et autres équipements municipaux);
- Etat des besoins de la commune à court, moyen et long terme, en investissement (programme prévisionnel) et en services à rendre aux habitants,
- Etat précis du personnel, de ses possibilités réelles d'évolution de carrière et de mobilité externe; de sa capacité à s'engager lui-même dans une maîtrise de la masse salariale; des possibilités de retour en régie d'activités...
- Choix d'économies budgétaires réalistes à court ou moyen terme;
- Evolution de la fiscalité en fonction de ce contexte et révision du calcul des bases.

Une telle démarche aurait sans doute permis de ne pas sortir des slogans dogmatiques, mais de faire consentir à chacun des efforts permettant un redressement financier de la commune qui ne compromette pas son avenir.

Sécurité et prévention:

Sujet philosophique: Comment une caméra passive peut-elle "protéger"? Toute à sa vision idéologique et technocratique de la sécurité, la   nouvelle municipalité tombe à pieds joints dans la mode coûteuse de la prétendue "vidéo-protection" au moment où les Anglais s'aperçoivent, austérité oblige, de la gabegie qu'a entraîné sa politique systématique d'installations vidéo. En 2008, Scotland Yard reconnaissait publiquement que cette politique était inefficace.

Un coût exorbitant pour un résultat contestable

L'examen des expériences internationales et de l'expérience française (un rapport de 2011 demandé par Brice Hortefeux en fait la démonstration involontaire)  montre que le taux d'élucidation des délits n'est pas sensiblement plus performant dans les communes où il y a des caméras que là où il n'y en a pas.
Le Départeent de la Justice des Etats Unis indique qu'à terme, elles ne peuvent ni faire reculer seules  la délinquance ni rassurer la population.

Bref, le bénéfice recueilli est surtout celui des sociétés qui les fabriquent.

Voisin vigilant, ou voisin solidaire?

L'autre gadget de la municipalité est le dispositif "voisins vigilants".

Certes, la sécurité est un bien commun. Tout citoyen a un rôle à jouer pour prévenir la délinquance, pour contribuer à la tranquillité publique, pour développer une culture du risque, afin d'éviter de se mettre en danger lui et sa famille.

Mais la question de la sécurité et de la vigilance entre voisins ne peut être traitée à part : elle doit être intégrée à un effort global vers plus de lien social (ce qui est vrai pour la surveillance et les risques de cambriolages l'est aussi pour la canicule, les personnes âgées  la surveillance des enfants, les cas de force majeure ... ).

Il nous parait plus utile et efficace de favoriser les solidarités de voisinage, plutôt que d’encourager de possibles dérives vers des milices et une paranoïa permanente uniquement centrée sur la sécurité. A ce titre, les associations de quartier, les repas de quartiers aident à mieux se connaître et à développer ces actions d'entraide, que ce soit surveiller la maison de son voisin quand il est en vacances et nourrir le chat, aider sa voisine âgée,  réprimander un enfant dégradant un jeune arbre, informer son voisin que stationner sur le trottoir c'est bien gênant.

 A quand un vrai Conseil Local de Sécurité et de prévention de la Délinquance?

Cela ne coûte pas cher, cela pouvait être mis en place rapidement, et cela peut rendre de grands services. Pourquoi? En réunissant ensemble Mairie, Police nationale, structures de la jeunesse, bailleurs sociaux et union des commerçants, on peut, ensemble, mutualiser, analyser et compléter les statistiques de la délinquance, réaliser un état des lieux partagé.
On peut donc, ensemble, coordonner les actions entre tous, éducateurs, bailleurs, commerçants et police. C'est cette mobilisation humaine qui permettra, d'abord, des actions de prévention efficaces, et, chaque fois que nécessaire, une action policière ciblée. La technique peut, ensuite, et à bon escient, venir à l'appui de cette mobilisation des acteurs de la ville. Mais pas l'inverse.





lundi 17 novembre 2014

Petite enfance: répondre aux besoins par des réponses pertinentes

Les jeunes parents wasquehaliens qui travaillent ont besoin d'un accueil adapté de leurs enfants jusqu'à l'âge de trois ans, en prenant en compte leurs ressources financières.

Il appartient à la municipalité de mobiliser toutes les  potentialités pour y arriver : réseau d'assistantes maternelles, crèches municipales, crèches parentales ou associatives... les wasquehaliens doivent voir à l'oeuvre un volontarisme municipal.
Cela veut dire d'abord que, même si les finances municipales ont été fragilisées par les errements de l'équipe précédente, le service rendu aux jeunes parents ne doit pas se dégrader, même si, parfois, l'imagination, l'encouragement aux initiatives d'habitants et à la coopération, la mise en réseau de tous les acteurs, peuvent compenser partiellement le manque de moyens.
La municipalité précédente avait tendance à répondre aux problèmes par le clientélisme et une fuite en avant budgétaire, en faisant souvent des montages d'une régularité douteuse:
- Les locaux de la crèche de la rue Delerue  supposaient des travaux importants et la PMI avait notifié depuis un an des mesures à prendre dans la prise en charge des enfants .
- la prétendue "classe passerelle" de l'école Montessori était  un montage boiteux réalisé il y a plusieurs années, sans accord (et donc financement) de la CAF.

Mais la municipalité actuelle, toute aveuglée par le souci d'économies bugétaires - pas partout, apparemment-, ne s'est pas donné le temps d'entendre les usagers, de construire des solutions dans le temps avec eux avant de fermer la crèche et de reprendre les deux postes implantés à l'école Montessori.
L'intérêt des jeunes parents wasquehaliens et de leurs enfants n'est pas forcément  la scolarisation précoce des enfants, mais la mise en oeuvre de solutions d'accueil de proximité diversifiées mais de qualité et financièrement accessibles. 

Cela veut dire répondre à l'urgence, aux besoins immédiats, mais aussi conforter à moyen terme sur la commune une politique pérenne de la petite enfance de qualité:

-favorisant le travail commun entre tous les acteurs de la petite enfance;

 - renforçant  la professionnalisation et le travail en commun  entre les assistantes maternelles grâce au Réseau local d'Assitantes Maternelles,

- complétant le maillage des crèches 6 municipales et  2 structures associatives en compensant par exemple la fermeture en centre ville de la crèche de la rue Delerue, d'une part en cherchant à transformer le statut de la halte-garderie de l'Orée du Golfe  et le multi-accueil de la Maison Nouvelle,  en avançant, par exemple, comme à Lille, vers  des crèches sous statut de Société Coopérative d'Intérêt collectif, associant les parents et différents partenaires financiers,
    - assurant enfin une bonne coordination de ces formes d'accueil avec les écoles maternelles permettant d'assurer une transition en douceur pour les enfants, dans le cadre du Plan Educatif de Territoire. 
 
C'est à cette aune que les écologistes jugeront la politique municipale et s'engageront pour la faire bouger, sur des bases claires, et non dans le cadre d'alliances de circonstance.


mercredi 5 novembre 2014

Agrodjihadistes?

Monsieur Beulin, gros dirigeant de l'agro-business, si prompt à dénoncer les opposants au barrage de Sivens, a lancé ses troupes dans nos rues où elles ont déversé de grandes quantités de fumier devant de nombreux locaux publics, n'épargnant "naturellement" pas les locaux écologistes.  

Par ces méthodes dégradantes, la FNSEA,  exploite, hélas, par des méthodes éprouvées,  la détresse du monde paysan que ses dirigeants ont mené à l'impasse en trouvant des boucs émissaires. 

Elle participe malheureusement à la stigmatisation du monde agricole et paysan qu'il faut plutôt soutenir dans son effort d’adaptation vers un nouveau modèle agricole plus durable.

L’encouragement dépassé à l'agriculture intensive entretient le malentendu avec le monde agricole en le maintenant dans un modèle dépassé et destructeur des hommes et de la nature. 
Les élus écologistes dans les régions, ont, au contraire, une politique de soutien sans faille au monde agricole, à la préservation de la fertilité des sols et de la biodiversité indispensable à la production agricole. Ces actions se font en partenariat avec la profession agricole qui a considérablement évolué sur de nombreux sujets en région.

Parmi les « huit points durs » exigés par les dirigeants de la FNSEA, deux ont déjà été obtenus, dont malheureusement l’abandon sine die de l’écotaxe, qui a remis en cause la capacité de la France à lutter contre la pollution aux particules fines, dont les régions Nord-Pas de Calais et Picardie sont parmi les premières victimes, et à investir pour les transports collectifs et propres. 

Ils mobilisent également leurs membres pour revendiquer un prétendu « patriotisme » alimentaire. La patrie n'a pas grand chose à voir dans ce modèle. L'urgence est plutôt d'organiser le monde agricole autour de filières avec peu d'intermédiaires afin de limiter la pression sur les coûts. Ce modèle permettrait que les agriculteurs puissent bénéficier de ressources stables que n'offre pas le modèle productiviste prôné par ses dirigeants qui sont bien les seuls à en profiter. 


Sur le volet environnemental, les revendications de la FNSEA sont d'un autre âge. Être contre le verdissement de la PAC est un non-sens économique, historique et environnemental. A l'heure où tous les indicateurs sont au rouge, à l'heure où le giec alerte sur l'accélération du réchauffement climatique, il est anachronique de défendre des méthodes ultra-dépendantes du pétrole et de ses dérivés, les pesticides et engrais, comme il est aberrant d'encourager le développement des cultures fortement consommatrices en eau. 

En région Nord-Pas de Calais, qui s'en étonne, les dirigeants de la FNSEA visent parmi les contraintes administratives le  Schéma régional de cohérence écologique adopté en juillet dernier après de longs mois de concertation avec les professions agricoles. 

Ce Schéma, qui doit permettre d’améliorer la fertilité des sols, de prévenir les inondations, d’améliorer la santé… tout en consolidant nos territoires et notre économie est une des solutions pour réformer le modèle agricole aujourd’hui exsangue et préserver nos capacités de production agricole à long terme.

Au lieu de soutenir ce plan, dans une logique sectaire, les dirigeants de la FNSEA manipulent mentalement leurs disciples, afin de les maintenir sous contrôle, et les conduisent dans l'impasse de l'épuisement des sols, de la dépendance absolue et de l'endettement à outrance par rapport aux groupes de l'agro-business qu'ils dirigent . 

Une logique suicidaire. Agrodjihadistes?