Apparemment loin des préoccupations de l'actualité wasquehalienne, mais en pensant à la famille Cantaragiu, à qui notre municipalité refuse un toit décent, je publie le beau texte d'indignation de Bertrand Verfaillie, suite à la mort d'un jeune Rom dans l' incendie de son abri de fortune , ce lundi à Lille.
Bernard De Veylder
De quoi meurent les
Roms ? D'inexister...
Ce lundi 8 juin 2015 après-midi, devant les ruines fumantes
de cabanes dans lesquelles un petit enfant de 4 ans a perdu la vie, au
bidonville du "Carrefour Pasteur" à Lille --devant ces ruines
fumantes, comme devant toutes les habitations de fortune calcinées, dans des campements
roms, partout en France, ces dernières années-- la même question revenait aux
lèvres des officiels et des journalistes : "Quelle était la cause du drame
? ".
Ce lundi 8 juin 2015 après-midi, devant les ruines fumantes
de cabanes dans lesquelles un petit enfant de 4 ans a perdu la vie, au
bidonville du "Carrefour Pasteur" à Lille --devant ces ruines
fumantes, comme devant toutes les habitations de fortune calcinées, dans des
campements roms, partout en France, ces dernières années-- la même question
revenait aux lèvres des officiels et des journalistes : "Quelle était la
cause du drame ? ".
L'incendie fatal était-il "accidentel" ? Se
pourrait-il qu'il soit "criminel" ? La réponse est tragique : les
deux.
Comment dans les conditions où vivent la grande majorité des
Roms dans notre pays ne seraient-ils pas exposés à un accident ? Comment se
prémunir du feu quand on doit s'éclairer à la bougie dans des maisons de
carton, quand on cuisine au butagaz à côté de misérables murs en portes de
placard, quand on doit chauffer au bois plusieurs abris à la fois ? On
n'échappe pas au risque, au danger, dans ces conditions-là. Et la mort peut vous cueillir en moins de deux
minutes, dans ces conditions-là. C'est la misère...
Mais l'incendie du Carrefour Pasteur à LIlle, de ce lundi 8
juin 2015, est aussi criminel. Le petit Vincent est mort d'inexister. Les
migrants de culture rom sont ignorés ou tenus pour quantités négligeables par
les pouvoirs publics de notre pays, avec application, avec résolution, avec
préméditation parfois. On fait semblant qu'ils ne sont pas là, comme si les
bidonvilles n'étaient que des campements-fantômes, témoins d'une ancienne ruée
vers nos terres de cocagne. Ou bien, on les expulse des recoins où ils
survivent, en espérant, poings serrés, doigts croisés, yeux fermés, qu'ils
disparaîtront. Les responsables qui veulent bien soulever une paupière et les
rares élus qui regardent les choses autrement constatent que ces migrants qu'on
voudrait si volatiles vivent chez nous depuis des années. Qu'ils ont
l'intention d'y rester, d'autant plus qu'ils en ont le droit, s'ils trouvent un
emploi et un toit décents. Que les expulser d'ici revient à les retrouver là,
puis là et là encore.
Tant que l'ensemble des pouvoirs publics ne considéreront
pas la réalité et ne seront pas résolus à s'occuper de cette question --certes
compliquée, certes épineuse-- les Roms seront victimes et notre société s'en
portera plus mal.
Des expériences conduites par des associations, par des
municipalités, des portes entrouvertes par des maires, des paris sur la
confiance pris par des voisins de bidonvilles, un peu partout dans le Nord -
Pas de Calais, montrent la voie. L'inexistence n'est pas une fatalité.
Bertrand Verfaillie
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