1. Une industrie de la viande victime d'un modèle d'agriculture non durable .
L'économie bretonne ne va pas si mal: entre 2008 et 2012,l'emploi a dans l'ensemble progressé (1), alors qu'il régressait dans notre région. Ce qui ne va pas bien, c'est l'industrie alimentaire: elle ne chancelle pas à cause de l'écotaxe, mais surtout à cause des choix économiques suicidaires portés notamment par la FNSEA bretonne, qui dirige par exemple indirectement les abattoirs GAD, via la Centrale Coopérative Agricole Bretonne, et d'autres groupes alimentaires.
Ces groupes ont privilégié une production intensive de basse qualité et polluante, réalisant ses profits notamment grâce à de fortes aides de l'Union Européenne, obtenues notamment grâce à un lobbying intense de Joseph Daul, président du groupe viande au sein du Comité des organisations agricoles de l'Union Européenne jusqu'en 1999, et aujourd'hui député européen UMP et Président du groupe du Parti Populaire Européen au Parlement Européen. Ce lobby organisé est le même qui, au niveau national, fait tout pour imposer la consommation de viande à chaque repas, nullement nécessaire pour des raisons diététiques, mais hautement indispensable pour écouler ses stocks de viande de basse qualité.
L'industrie du poulet, parfaitement artificielle, tournée vers l'exportation, a contribué à désorganiser les agricultures africaines. Elle ne peut subsister durablement.
L'industrie du porc est plombée par certains de ses dirigeants qui préfèrent faire abattre cette année 700 000 porcs bretons par les allemands...au détriment des travailleurs des abattoirs GAD! Bien entendu, ces porcs ne traversent pas le pays vers l'Allemagne par fret ferroviaire ou par péniche.
La Bretagne agricole et les emplois induits peuvent sortir par le haut de cette crise en privilégiant la qualité et la proximité. Une écotaxe intelligente sur les gros poids lourds peut d'ailleurs contribuer à rétablir la compétitivité par rapport au dumping allemand.
2. Une "écotaxe" au goût de l'UMP
Les écologistes sont pour une fiscalité incitative, qui diminue sur les activités non polluantes et favorables à l'environnement : TVA en baisse sur les travaux de rénovation thermique, par exemple. Ils sont opposés à la hausse de la TVA sur les transports en commun et ont déposé des amendements dans ce sens. Ils sont aussi favorables à ce que les tarifs du fret ferroviaire et par voie d'eau baissent. Dans le même mouvement, en contrepartie de ces baisses, ils sont favorables à la taxation des activités polluantes et donc à la contribution climat-énergie, à une écotaxe qui frappe, comme en Allemagne et en Suisse, les gros poids lourds.
En Allemagne, la taxe s'est établie à la satisfaction de tous sur les poids lourds de plus de 12 tonnes, épargnant ainsi les transports locaux et aussi les véhicules les moins polluants.
Moyennant quoi, depuis l'adoption de cette taxe, un certain nombre de camions de plus de 12 tonnes empruntent désormais la Belgique et les régions du Nord-'Est de la France pour échapper à cette taxe!
En France, l'UMP a fait voter une loi au Parlement (les élus écologistes se sont abstenus) taxant les poids lourds de plus de 3,5 tonnes, et ont prévu, dans les derniers jours du septennat de Nicolas Sarkozy, de confier à une société privée, Ecomouv', la collecte de cette taxe, contre une rétribution de 20% du montant des taxes prélevées. C'est un pourcentage exorbitant: habituellement les entreprises s'inscrivant dans une logique de PPP reçoivent une rétribution bien moindre. D'ailleurs, l'Etat doit déjà la rémunérer, même s'il ne perçoit aucune taxe.
Il est donc, pour les écologistes, nécessaire de mettre en oeuvre rapidement l'écotaxe, mais en revoyant à la fois sa cible et les modalités de la collecte. Pour eux, la suspension décidée par le gouvernement ne doit servir qu'à cela, et à faire la transparence sur son fonctionnement comme sur l'utilisation des fonds récoltés.
(1) Source : INSEE
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